jeudi 26 mai 2011

Arrivée à la Puerta del Sol

Mon avion s'est posé à Madrid vers 17h15. Après un bref passage à mon hôtel de la Puerta de Toledo, je me dirige à la désormais planétairement célèbre Puerta del Sol. Le tableau est étonnant, chahuté mais aussi réjouissant. Entre une artère commerciale où l'on retrouve notamment le temple du consumérisme qu'est le « Corte Ingles » et l'ancien siège de la sinistre direction générale de la sécurité franquiste, s'érige désormais un campement où à peu près un millier de personnes discutent, débattent ou vaquent à des occupations diverses et variées. Des tentes, des bâches et des banderoles reprenant des slogans comme « Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiciens et des banquiers » ou « Madrid, capitale de la révolution mondiale » sont la preuve irréfutable qu'une réappropriation collective de l'espace publique a eu lieu.

Les rencontres que l'on peut faire dans ce village contestataire sont contrastées. Si croiser des jeunes chevelus déchaussés s’annonçait assez prévisible, il est également possible d'apercevoir un couple de personnes âgées s'attardant devant une pancarte ou un père de famille proche de la quarantaine qui promène son enfant en poussette. Dans différents points de la Puerta del Sol, des prises de parole se succèdent. Certes, tous les orateurs ne sont pas d'égale qualité mais la parole est libre et chacun peut s'exprimer sur ses attentes par rapport à la société, ce qui en soi ne manque pas d'intérêt. Près de l'entrée du métro Sol, un meneur harangue la foule avec son porte-voie : « Il faut aller au Congrès des députés pour leur dire qu'il ne nous représentent pas » Une cinquantaine de personnes décident de répondre à son appel et de se diriger vers l'enceinte parlementaire située quelques centaines de mètres plus bas. Une responsable de l'organisation essaie de se faire entendre « L'assemblée Générale de hier a décidé de ne pas marcher vers la Congrès ! Vous êtes en train de diviser le mouvement». La Police déployée cent mètres plus loin met  fin aux velléités anti-parlementaristes des quelques dizaines de « diviseurs » du mouvement. Dépités mais rigolards, ces derniers remontent la calle de Alcala et rejoignent leurs pénates de la Puerta del Sol.

Au milieu de cette joyeuse effervescence citoyenne, il est difficile de ne pas repenser au slogan de mai 68« Cours Camarade, le vieux monde est derrière toi! » tant il correspond bien à cette indignation collective qui à n'en pas douter se situe à mi-chemin entre une fuite en avant créative et une longue marche spontanée vers la plénitude des droits économiques, sociaux et culturels de cette jeunesse espagnole en lutte.

Carlos Crespo, Secrétaire Général du Réseau Socialiste des Organisations de Jeunesse.
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