vendredi 27 mai 2011

Flower Power à la Madrilène

Les violences policières de la matinée à Barcelone ont eu un impact certain sur la multitude présente à la Puerta del Sol. Les effectifs d'indignés qui se trouvent dans ce qui est en train de devenir le haut lieu de la lutte de la jeunesse espagnole pour son émancipation en cette fin de vendredi après midi ont triplé voire quadruplé par rapport à la veille. Une prise de conscience semble s'être opérée quant aux risques réels de voir l'occupation délogée par les forces de l'ordre. D'autant que la Présidente de la Région, Esperanza Aguirre (PP) a demandé au Ministre de l'Intérieur Alfredo Rubalcaba (PSOE) de déloger le campement qu'elle assimile non sans mépris à un bidonville. « Barcelona no esta sola » est l'un des slogans les plus scandés. Les manifestants osent aussi un jeu de mots original « Esto es esperanza, y no la presidenta » qui se traduit par « ceci est l'espoir et pas la présidente », le prénom de la responsable politique signifiant « espoir » dans la langue de Cervantès. En vue d'insister sur le caractère pacifiste du Mouvement, bon nombre de jeunes arborent une fleur et exhibent leurs paumes peintes en blanc comme pour conjurer le sort funeste qui pourrait les attendre en cas d'intervention de la Police. Le système en prend aussi pour son grade quand les jeunes lancent avec ferveur l'interrogation suivante « Porque manda el mercado si yo no lo he votado? » qu'il faut comprendre de cette manière : « pourquoi c'est le marché qui décide alors que moi je n'ai pas voté pour lui? ».

La tenue de l'Assemblée Générale du jour est exemplaire malgré l'affluence importante. La nature anti-capitaliste du mouvement est réitérée. On y évoque l'importance de la démocratisation des études et la nécessité d'en finir avec le financement public de l'enseignement confessionnel. Avec l'assentiment général, l'égalité de droit tous les citoyens se trouvant sur le territoire espagnol, en ce compris les sans-papiers est prôné. Des voix s'élèvent également pour exiger la fin immédiate de toute discrimination et de toute stigmatisation à l'égard des gays, des lesbiennes et des transsexuels.

La journée de samedi s'annonce cruciale pour le mouvement. A midi, des Assemblées Générales sont convoquées dans les quartiers de Madrid. La consolidation mais aussi le développement de la « spanish révolution » dépend en grande partie du succès de cette entreprise. J'en rendrais compte dès que possible.

Carlos Crespo, Secrétaire Général du Réseau Socialiste des Organisations de Jeunesse

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